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- Seigneur ! Les troupes du félon se sont réfugiés dans le village et s'y sont barricadées. Leurs flèches atteignent nos hommes sans qu'ils puissent savoir d'où elles sont parties. Les villageois font office de boucliers humains. Ils n'hésitent pas à les placer devant portes et fenêtres.
- Les lâches, maître, refusent de livrer combat par l'épée. Ils refusent de se rendre par peur de la pendaison et j'ai même vu attacher des enfants aux persiennes.
Les deux éclaireurs tentaient de reprendre leur souffle. De l'intérieur du village aux positions retranchées du poste de commandement, ils n'avaient mis qu'à peine un quart d'heure en courrant. Le petit village fortifié avait été percé de plusieurs brèches par les lourdes catapultes de l'armée de l'Empereur. C'était par l'une d'elle que leur unité d'élite s'était infiltrée pour reconnaître les lieux. Au loin le chateau du seigneur Pergual fumait, en cendres.
Colossus se tourna vers Bomberman.
- Général, faites sonner le retrait des troupes de ce trou à rats. Finissez l'encerclement du village. Je ne veux pas voir s'échapper le moindre chat. Nos hommes ont suffisamment payé les combats du jour. L'ennemi ne comprend pas ma détermination... nous allons changer de tactique. Rejoignez-moi avec Arnor dans la tente de commandement au plus vite.
Il se tourna vers les deux éclaireurs, leur faisant signe de disposer. Ils saluèrent et s'éclipsèrent au pas de course, s'empressant de rejoindre le centre du campement pour boire enfin.
Toute la journée avait résonné du son des batailles. L'assault donné au chateau fort avait échoué par deux fois avant que le pont levis ne cède et que les portes principales ne tombent. Un carnage furieux avait suivi, les hommes de l'Empereur mettant tout leur rage à venger leurs camarades morts sous les flèches et les lances-pierres ennemis. Les géants vapeur n'avaient fait aucune distinction à l'intérieur des fortifications entre les gens du service et les gens d'armes. Tous avaient été jugés coupables et punis de mort immédiate, du soldat au cuisinier ! Une centaine d'hommes tout au plus s'était échappée par les souterrains. Sans doute Pergual était avec eux. Ils étaient là, maintenant, terrés dans ce village fortifié a à peine deux kilomètres du fort.
- Nous sommes là, Colossus ! Prêt à servir la cause de l'alliance.
- Entrez tous deux, il est temps de décider et je veux votre avis.
Sous la tente il faisait chaud. Le soleil se couchait à l'horizon et les lampes sous la tente éclairaient à peine les cartes étalées sur la table au centre. Arnor glissa sa cape sur une chaise et attrapa un pichet d'eau et une chope laissés sur une commode de campagne. Décidément, sous la tente de l'empereur, on aurait pu se croire encore au château. L'eau fraiche coula dans sa gorge longuement, mais il finit par verser le fond de la chope sur la blessure de son poignet. Le seigneur Frivas, bras droit de Pergual, avait péri sous sa lourde épée mais pas sans se battre dignement, lui. Il esquissa un rapide rictus de douleur, ravala sa salive et fit comme si de rien n'était.
- Mes troupes sont fières et promptes au combat, Colossus, mais la fatigue peut nous faire perdre des hommes inutilement.
- Pergual a divisé ses troupes, Arnor. Des renseignements nous sont parvenus des provinces voisines grâce à nos espions. Il tente de rallier à sa cause désespérément les seigneurs voisins, calomniant LA SALAMANDRE et foulant du pied notre honneur, lui qui n'en a plus.
- L'un de mes hommes est revenu de Cassinios, renchéri Bomberman par dessus l'Empereur, il y a rencontré Priam qui tient toujours sous son joug cette ville que nous lui avons confié. La population s'agite... la peur les prend. Des hommes à la solde de Pergual et de Frivas font de la désinformation et sont particulièrement actifs.
- En ce qui concerne Frivas, rassurez-vous, il n'embêtera plus personne.
Bomberman et Colossus se regardèrent et sourièrent. Aucun doute sur l'affirmation de leur ami : dit ainsi, Frivas avait dû contempler pour dernière image celle des yeux sombres et impitoyables du seigneur Arnor. Frivas, commandant de la marine de guerre de l'alliance MASSINA, avait vu sombrer son dernier navire sous les coups de canon de l'énorme flotte de combat d'Arnor la veille... aujourd'hui, il avait donc rejoint les siens car le hasard avait voulu qu'à l'heure des arbordages il fut à terre à marée basse.
- Arnor, j'envisage une attaque de nuit. Nos archers tireront à longue distance leurs flèches enflammées pour bruler le village vers 3 heures du matin je pense. Les tireurs d'élite les couvriront. Les troupes d'élite que nous avons rappelé retournerons alors finir le travail à l'aube avec les géants vapeur.
- Les villageois seront sans doute sévèrement touchés.
- Certes, seigneur Bomberman, mais nous ne pouvons attendre plus longtemps ici. Aucun bouclier humain ne les couvrira. Tous périront s'il le faut et cette histoire vaudra pour l'avenir à nos ennemis de ne plus procéder ainsi. Ne leur donnons aucun espoir, sinon chaque village sur leur route sera exploité contre nous.
Arnor hocha la tête. Même si l'idée de tirer sur les villageois ne lui plaisait pas du tout, il savait que dès le lendemain des renforts ennemis pouvaient arriver et qu'en pleine campagne ses troupes étaient exposées. Il fallait en finir vite, fatigue ou pas.
- Je ne vois pas d'autre solution non plus. Les attaques de nuit les empecheront de se reposer. Que les archers de l'Empire tirent leurs flèches toute la nuit. Mes hommes dormiront jusqu'à l'aube et achèveront le travail. Nous tenterons de minimiser les pertes civiles à ce moment là.
- Maudit soit Pergual ! s'indigna Bomberman. Je n'aime pas ça du tout. Aux femmes et aux enfants mes amis... pensez aux femmes et aux enfants... leurs yeux brilleront de colère jusqu'à la fin de leurs vies contre nous si nous faisons cela. Certes, nous n'en sommes pas à nos premières batailles... je vous accompagnerai cependant aux premiers rangs du combat à l'aube. Et mon épée fera regretter à l'ennemi sa couardise ! Quel misère !
Ainsi se déroula la pire des fins de bataille que LA SALAMANDRE mena. A l'aube, les corps de tous les villageois furent retrouvés... décimés par le feu ou par les flèches parfois... mais surtout par l'épée. Pris au piège, les hommes et les femmes de ce qui s'était appellé Rickenveck avaient tenté de lutter contre leurs occupants. Fourches et outils avaient été levés contre les hommes de Pergual et il avait ordonné une tuerie infernale et sans nom. L'odeur du sang brulé planait encore dans les narines des soldats de l'Empire ... longtemps après... des années après... particulièrement lorsqu'il fallait assiéger une nouvelle fortification.
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Sujet: Les chroniques de LA SALAMANDRE : "déluge de feu" 
Sam 18 Oct - 2:41
