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Entre deux chopes de bonne bière fraiche, le baron Delatraverse osa enfin poser la question qui le chagrinait depuis un bon moment. Certes, s'adresser à l'empereur n'est pas chose facile, même lorsqu'on est baron et que l'on règne sur une contrée de riches paysans.
- Colossus, si je peux me permettre... comment se fait-il que votre Général, votre Ambassadeur et le seigneur Arnor, récemment élevé au rang honorifique de Maître de Guerre, tous les 3 vos bras droits... comment se fait-ils que leur classement dans le monde d'Ikariam les place devant vous ?
Colossus esquissa un sourire en essuyant la mousse de bière du coin de sa manche.
- Eh bien, cher baron, en voilà une curieuse question ! Etes-vous encore à penser qu'en ce bas monde les puissants souhaiteraient prendre le pouvoir en renversant la couronne ? Certes la cité regorge de commérages et les intrigues ne manquent pas à la cour. Les espions s'infiltrent jusqu'aux places autour de la table des chevaliers de l'Ordre parait-il aussi...
- Monseigneur, je ne mets pas en cause leur fidélité. Loin de moi cette idée. Mais le peuple pourrait vous juger faible...
- "Faible !", MOI ?!, s'exclama l'empereur. Baron : la force d'un royaume et sa richesse ne sont pas celles d'un homme seul. Mon armée est celle de tous les seigneurs de ce royaume. Ma richesse est celle de tous les hommes et de toutes les villes de LA SALAMANDRE. Le rayonnement de notre culture et de nos traditions, de nos principes et de nos lois, est celui qui est porté par chaque représentant de notre alliance. Non, vous vous trompez de sens : la seule force d'un roi, d'un empereur, c'est de savoir réunir tous ces hommes et les souder ensemble dans un projet commun. Celui qui pense accomplir cela par la force, mourra par la force.
Le baron Delatraverse posa sa chope sur la table, se leva, retira son épée de son fourreau et la posa sur la table sans en lacher le pommeau.
- Monseigneur, mon épée sera toujours présente entre vous et les traitres au péril de ma vie.
- Vous comprenez alors où réside ma force. La cohésion du royaume, la solidarité des combattants et des marchands : c'est cela ma force. Personne ici ne tolèrerait plus un despote injuste et cruel. Mais la justice et la direction d'un pays ne se font pas sans faire de choix, sans en faire des bons ... et parfois des mauvais. L'important est simplement d'avoir la confiance des gens du royaume et de les aimer. Quant au classement des plus grands seigneurs... qu'importe : je distribue les ressources de la couronne aux humbles seigneurs qui en disposent pour le bien de leurs villes et la satisfaction de leurs gens. Je mène des guerres sans profits et j'ai même rasé l'une de mes villes pour en édifier une à l'autre bout du monde...
Colossus se leva et porta sa chope haute. Sa lourde chaise de chêne tomba en arrière et le bruit sourd de sa chute attira tous les regards de la taverne. Toutes les têtes se tournèrent vers la balustrade de l'étage où trônait la table de l'empereur. Il avait pris place là avec son ami presqu'une heure auparavant. Un silence presque parfait s'installa.
- Messieurs, gentes dames, ... le royaume se porte bien. Les nouvelles du front sont bonnes et la récolte de blé s'annonce fructueuse. Ce soir les portes du chateau s'ouvriront et accueilleront tous les gens de la ville qui voudront fêter ce jour ! Je vous annonce l'entrée de LA SALAMANDRE parmi les 100 plus grandes alliances du monde alpha.
Les cris de joies et les applaudissements montèrent instantanément. Le brouhaha fut tel que l'annonce par le tavernier d'une tournée générale ne fut comprise qu'au moment ou la cloche accrochée à la poutre au-dessus du comptoir sonna, annonçant cet instant si rare et si apprécié où les futs de vin coulaient sans que le robinet se referme, remplissant les chopes les unes après les autres.
Colossus se rassit et, souriant, mit sa main sur l'épaule de son ami Baron :
- Maintenant que tu sais que c'est moi qui ait le meilleur classement de l'alliance en réalité, soit rassuré ! Finissons nos verres et rentrons au château annoncer les festivités... il ne faudra pas trop de l'après-midi pour organiser dignement l'évènement. J'en connais un qui va encore pester d'être pris au dépourvu... mais je sais qu'au fond de lui il aime les challenges : notre cuisinier !!!
Tous deux éclatèrent alors de rire en pensant à un festin mené tambour battant la semaine précédente où l'on avait retrouvé le chef de cuisine écroulé dans un coin sombre. La fatigue l'avait saisi si vite qu'on avait cru qu'il était tombé raide mort ! Sacré Bonjean tient ! Il était seulement à bout de force après une nuit passée à diriger sa brigade. Mais de mémoire du château on n'avait encore jamais vu ça !
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Sujet: Les chroniques de LA SALAMANDRE : "Le rang d'un chef" 
Sam 11 Oct - 1:08